"Faites le Mur" de Banksy : Le Street Art de l'ombre à la sur-exposition

De l'ombre à la lumière, de la clandestinité à la jet set artistique de Los Angeles, Banksy dresse un portrait du Street Art à travers ses figures emblématiques, depuis les premières apparitions de Space Invader jusqu'à l'exposition pharaonique de Thierry Guetta, alias Mr Brainwash. Le film s'attache en particulier à ce personnage ambigu, qui, de follower des artistes, agissant avec eux nuitamment, tous masqués et flirtant avec l'illégalité, devient un phénomène de la scène artistique de la côte ouest aux Etats-Unis.
Banksy - Flower thrower

Le réalisateur, Banksy, ne montre jamais son propre visage, pas plus dans le film, où il apparaît, silhouette noire encapuchonnée, pour commenter des moments de la vie de Thierry Guetta, que dans la réalité : il a élaboré toute son œuvre en se cachant et demeure un mystère pour ses admirateurs les plus fervents, des rues de Bristol au mur de Bethléem - près du camps d'Aida - en passant par les Etats-Unis.

Banksy - un artiste secret qui travaille dans l'ombre
Difficile de séparer le vrai du faux en regardant ce film que Banksy avait intitulé « Exit Through the Gift Shop » dans la version originale : documentaire ? Canular ? Film sur le Street Art ? Autoportrait de Banksy ? Portrait de Thierry Guetta ? On y voit en tous les cas Thierry Guetta passant ses jours et ses nuits avec sa caméra active, accompagnant comme une ombre des artistes de l'underground aussi célèbres que Shepard Fairey, Ron English, Dotmasters, Swoon, Buff Monster ou encore Invader. Il est ainsi durant des mois, des années, l’œil et la mémoire du Street Art. Il passe avec les artistes plus de temps qu'avec sa famille et sacrifie tout à ce qui semble être pour lui de l'ordre de  la  mission.

Une expo de Banksy

 A la tête de milliers d'heures de film, de centaines de cassettes vidéo en vrac dans des boites en plastique, sur des étagères ou à même le sol, Thierry Guetta se décide enfin à exploiter cette matière filmée brute. Il réalise un film de quatre-vingt-dix minutes sur le Street Art qu'il intitule « Life remote control ». Ce film est un patchwork d'images qui s'entrechoquent à grande vitesse, pas loin de la crise d'épilepsie. A vrai dire une sorte de choucroute filmique « in-regardable » si l'on en croit les dires de Banksy qui en montre dans « Faites le mur » un bref extrait.

Thierry Guetta - en train de devenir Mr Brainwash
Sur le conseil de Banksy, qui lui suggère amicalement d'abandonner la vidéo et de faire de l'art ( «Make some art! » lui lance-t-il après avoir visionné « Life remote control »). Thierry Guetta laisse de côté la caméra et investit alors tout son argent, allant jusqu'à hypothèquer sa maison, dans l'organisation d'une exposition géante à Los Angeles. Prenant le pseudonyme de Mr Brainwash, non seulement il récupère ses billes en vendant la plupart des œuvres présentées,  mais il est alors projeté, avec force publicité, sur le devant de la scène artistique de la Côte Ouest . 

Le film de Banksy est difficile à décrypter. Les dernières images elles-mêmes laissent le spectateur dans une réflexion sur la définition et le sens de l'art, sur le rôle de l'argent dans la création artistique et sur l'essence de la vie. Il est en tous les cas un hymne flamboyant à l'énergie de la création qui peut s'exprimer partout et sous toutes ses formes.

texte Françoise Lienhard

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire