Que
devient la vie d'un être humain, d'un dessinateur lorsqu'il est privé de sa liberté
d'expression ?
Dans son film Une Chambre syrienne, le dessinateur syrien Hazem Alhamwi
expose le monde où il évolue, avec l'espoir de toucher le regard du spectateur et de
susciter chez lui plus que de la compassion, de la révolte. On y découvre un monde rétréci à l'échelle de sa
chambre, seul espace où il est encore relativement libre de laisser
jaillir ses angoisses, sa peur, sa haine de l'oppresseur. Encre noire
sur de grandes feuilles de papier : milliers de regards emprisonnés,
larmes noires, sang d'encre... La vie sous les décombres.
La tortue, comme la torture scandent le film. La tortue, animal d'un autre temps et sa « maison sur le dos » semblent ici la métaphore de l'enfermement ultime, du monde réduit au repli sur soi. Mais sa carapace est en soi une œuvre d'art indestructible.
La torture, elle, est évoquée ici par ellipses et avec pudeur par ceux qui l'ont subie, méprisable outil des dictateurs destiné à briser toute parole, tout moyen d'expression, tout échange humain, entre humains, et toute confiance.
Comment
ne pas être touché par les larmes de l'institutrice, par le calme
sourire de l'oncle du dessinateur, qui a passé plus de deux décennies
en prison, par le chant de sourde révolte de l'ami qui ne peut
supporter la mort des enfants syriens ?
texte Françoise Lienhard, dessins Mariama M'déré et Françoise Lienhard
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